Dell qui s'empare d'EMC pour 67 milliards de dollars, c'est le plus gros rachat jamais constaté dans l'IT. Quelles conséquences pour le marché, côté client et acteurs ? 4 réponses pour mieux comprendre.
Annoncée aujourd'hui, la fusion doit être réalisée au milieu de l’année prochaine. Objectif ? 85 milliards de chiffre d’affaires annuel quand les synergies entre les deux entités auront été trouvées. Nouveau périmètre, risques et bénéfices, gouvernance et place de VMware dans le dispositif ; 4 points pour bien comprendre cette giga-fusion.
Quelle sera la forme de la nouvelle structure ?
« L’alliance de Dell et EMC va créer la plus grande entreprise privée de l'IT » assure EMC dans un communiqué qui met fin à des rumeurs persistantes. Sur un secteur qui pèse au total 2000 milliards de dollars, « La transaction rapproche deux des plus grandes franchises de technologie du monde ». Sur les segments des serveurs, du stockage , de la virtualisation ou encore des PC, la nouvelle entité sera de fait leader.
Le rachat d'EMC par Dell est le plus important de l'histoire de l'IT. (Source : Wired / ZDNet.fr)
Reste qu'un tel leadership se paie. 67 milliards de dollars, c'est deux fois et demi ce que HP avait déboursé en 2001 pour s'offrir Compaq. Cette transaction faisait figure déjà de record. C'est fini.
Un tel montant s'explique aussi par la puissance de feu désormais assurée à Dell, avec un périmètre d'offre qui peut impressionner. Cette opération doit permettre d’adresser à la fois les petites entreprises et les clients du mid-market, une spécialité de Dell, et les grandes entreprises, marque de fabrique d’EMC.
Quels sont les risques, quels sont les bénéfices ?
« En fait, les synergies de revenus attendues sont trois fois plus importantes que les synergies de coûts » affirme Michael Dell. Reste qu'un tel rapprochement peut capoter. « Beaucoup, sinon la plupart des fusions détruisent réellement de la valeur, et la fusion de deux sociétés qui ont eu du mal à se renouveler réussit rarement. La fusion est donc extrêmement risquée.
EMC et Dell sont dans des segments complémentaires de l'industrie des ordinateurs et si tout va bien les deux entreprises pourraient être plus valorisables ensemble que séparément. Mais cela, c’est avec un grand ‘si’ » explique à Tech Crunch Aija Leiponen, professeur associée de la Cornell’s Dyson School of Applied Economics and Management.
« Dell veut devenir le bon vieux IBM, un guichet unique pour les clients entreprise. Ce modèle s’est effondré il y a une vingtaine d'années » explique de son côté à Reuters Erik Gordon, professeur la Ross School of Business de l’Université du Michigan. « Faire revivre ce modèle serait un coup magnifique pour Dell ». Rien n'est impossible en ce domaine. Dell assure que sa transformation est achevée suite à la privatisation de la société il y a deux ans, et que contrairement à la concurrence, l'entreprise sait ou elle va.
Qui c'est le nouveau patron ? C'est Michael Dell
« Je suis extrêmement fier de tout ce que nous avons construit avec EMC, des humbles débuts en tant que start-up à Boston, à une société technologique de classe mondiale » mentionne Joe Tucci, le président d’EMC, qui poursuit : « Les vagues du changement que nous voyons aujourd’hui dans notre industrie sont sans précédent, et pour naviguer à travers ce changement, nous devons créer une nouvelle société ».
Suite au rachat, Michael Dell va diriger la nouvelle société. Joe Tucci doit quitter ses fonctions à la fin de la transaction, fonctions qu’il occupait depuis 15 ans. Il avait depuis quelques temps cherché à faire éclore un successeur dans les rangs d’EMC, sans succès.
Qu'adviendra t-il de VMWare ?
« VMware restera une société cotée en bourse » assure EMC, qui a acquis cette entreprise en 2004. Dell s'assurera « d'une participation majoritaire dans VMware » explique dans une lettre ouverte Michael Dell.