L’objectif de VMware avec ses Appliances « EVO: RAIL » est de définir un nouveau standard de cluster qui permettra de créer et de gérer des machines virtuelles rapidement. Avec cette annonce fracassante, VMware va pouvoir s’affranchir de l’emprise de Microsoft et de Cisco avec l’ambition de s’afficher comme étant le moteur de la technologie de réseau virtualisé. Ces Appliances vont rentrer en concurrence directe avec les offres existantes de Nutanix, Simplivity ou encore Scale Computing.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, suite au lancement de « EVO: RAIL » qui positionne VMware sur le marché des infrastructures hyper-convergentes, Nutanix affiche un enthousiasme plutôt prononcé face à l’arrivée de cette offre « concurrente ». Selon certains dirigeants de la startup californienne, le réseau de partenaires n'a pas à s'inquiéter car VMware conforte la vision de Nutanix qui mise depuis 5 ans maintenant sur un modèle hyper-convergé pour le SDDC (Software-defined Data Center).
Mais qu’en est-il du niveau architectural et fonctionnel face aux offres de Nutanix ? « EVO: RAIL » apporte t'il les mêmes services ? Si tel est le cas, alors effectivement, la nouvelle plateforme de VMware sera un véritable raz de marée sur le marché des infrastructures hyper-convergentes.
Mais est-ce le cas ?
Nutanix continuera de toute façon à collaborer avec VMware pour les solutions de type VDI, RDS, SRM, les applications Big data (oups, Mégadonnées) comme Splunk et pour le cloud privé. Néanmoins, Nutanix restera aussi un concurrent de Virtual SAN, bien que les deux produits sont totalement différents de par leur principe architectural. La collaboration avec VMware devrait malgré tout durer dans le temps, car Nutanix est un axe porteur et vendeur pour la plateforme de virtualisation « vSphere » de VMware. De plus, Nutanix sait couvrir différents modèles, notamment ceux de niveau 1, qui concernent entres autres les bases de données SQL et Oracle. Aujourd'hui « EVO: RAIL » ne se positionne que sur le niveau 2, c’est-à-dire les environnements de Test/Dev et VDI. Supporter ces deux niveaux au sein d’une même plateforme permet de réduire le nombre de silos dans un Datacenter et c’est ce que le modèle SDDC (Software-Defined Data Center) essaie de faire de plus en plus aujourd’hui.
Scale-Out
Nutanix est toujours le « must » du Scale-out, mais essayons d’en savoir d’avantage sur « EVO: RAIL » qui reste une « avant-première » technologique. Dans sa version 1.0, le Scale-out « EVO: RAIL » est limité à 16 nœuds ou à 4 Appliances. Nutanix n'a lui pas vraiment de limite, mais suit celles des hyperviseurs qui peuvent avoisiner les 48 nœuds pour des perspectives de gestion de tolérance de panne.
Voici quelques différences importantes entre Nutanix et « EVO: RAIL » :
- Nutanix commence à 3 nœuds, « EVO: RAIL » commence à 4 nœuds.
- Nutanix utilise le « Heat Optimized Tiering » (HOTcache), basé sur l'analyse de la donnée, « EVO: RAIL » utilise la mise en cache.
- Nutanix permet un upgrade nœud par nœud (1 au minimum) dans un cluster existant, fonction des besoins en ressources supplémentaires, « EVO: RAIL » ne s’implémente qu’avec un minimum de 4 nœuds à la fois. Les coûts des addons sont donc loin d’être neutres.
- Nutanix peut évoluer avec différents types de nœuds avec des configurations différentes au niveau du stockage et du calcul. Aujourd’hui « EVO: RAIL » a une seule configuration matérielle verrouillée. Il est même impossible de modifier la quantité de RAM du fournisseur OEM. Les CPU fournies ont seulement 6 cœurs, ce qui nécessite un nombre de nœuds plus importants, et donc implicitement, un besoin plus important en nombre de licences.
- Nutanix peut fournir 440 postes de travail (avec un « workload Login VSI » (type de population utilisateurs) médium) ou 200 serveurs virtuels standards par Appliance 2U lorsque les fonctionnalités le permettent, comme la déduplication in-line de la série 3460 par exemple. « EVO: RAIL », c’est un maximum de 250 postes de travail ou 100 serveurs virtuels standards par Appliance.
Gestion
Nutanix a juste besoin d’une CVM « Controller VM » par hôte qui s’occupe des fonctionnalités de réplication, de « inline Dedupe », de « Map Reduce Dedupe », de « Map Reduce compression » et de « Cluster Health ». « EVO: RAIL » a besoin du logiciel EVO Management (serveur web), d’une VM vCenter, d’une VM Log insight, d’une VM OEM pour un support matériel et d’une VM de réplication vSphere si nécessaire.
Nutanix est en mesure d'établir une séparation entre le calcul et le stockage des clusters. « EVO: RAIL » est un cluster de calcul avec un seul conteneur de stockage. En gérant la séparation, il est possible d’obtenir des clusters de calcul plus petits tout en profitant d’un volume géant. C’est un concept qui permet d’avoir beaucoup plus de flexibilité.
Nutanix peut fonctionner avec tous types de licences vSphere. « EVO: RAIL » a besoin d’une licence Enterprise Plus. Reste à voir si les impacts financiers seront limités par le canal OEM...
Nutanix peut gérer, au travers de son logiciel « Prism Central », un ou plusieurs clusters, de toutes tailles. « EVO: RAIL » n’a pas de gestion multi-cluster.
Nutanix vous permet d'utiliser tous les disques durs disponibles pour gérer toutes les données. Avec « EVO: RAIL », vous devez augmenter la bande passante pour profiter de tous les disques disponibles lorsque les données sont transférées de la mémoire cache sur le disque dur.
Dans les outils de maintenance du contrôleur de stockage virtuel (CVM), Nutanix offre à la fois l'analyse et le built. Il n’est pas nécessaire d’ajouter une autre machine virtuelle pour fournir ces services.
Le facteur de réplication appliqué par « EVO: RAIL » est une aberration à mon sens dans un contexte Scale-out. Virtual SAN peut perdre jusqu'à 3 nœuds en même temps et garantir aucune perte de données, mais il a besoin pour ça de copier la donnée sur 5 nœuds différents pour s’assurer qu’un bloc perdu ne causera aucune perte de données au sein du cluster. Nutanix, avec sa fonctionnalité « Availability Domains » peut perdre un bloc entier sans aucune incidence au niveau de la donnée dans le cluster et ce, en appliquant un facteur de réplication RF2 (copie de la donnée sur 2 nœuds différents) qui minimise donc les volumétries de stockage supplémentaires.
Scalabilité
Nutanix peut aller au-delà de 32 nœuds, Virtual SAN est limité à 32 nœuds et « EVO: RAIL » à 16 nœuds maximum. Pourquoi cette limitation ?
« Prism Element » n'a aucune limite par rapport au nombre d'objets qu'il peut gérer. « EVO: RAIL » est encore limitée par le nombre de composants.
Avec Nutanix, lorsque l’on ajoute un nœud, on profite immédiatement des avantages de performance. Avec « EVO: RAIL », il faut attendre qu’une nouvelle VM soit créé pour faire usage de la nouvelle capacité flash et des disques durs (ou encore pour une effectuer une opération de maintenance).
Alors, que pensez de ces nouvelles Appliances EVO: RAIL ?
Sources de ce document sur ces deux liens : lien1 lien2